Fenêtre ouverte sur

L’atelier est une fenêtre ouverte sur le monde, sur les imaginations et les expériences, sur les histoires et les rêves, sur les univers singuliers qui se déploient dans les livres.

    “Écrire est un boulot solitaire. Avoir quelqu’un qui croit en vous fait une sacrée différence. Ce quelqu’un n’a pas besoin de faire de discours. Qu’il croie en vous est en général suffisant”, écrit Stephen King, grand écrivain américain, dans “Écrire, mémoires d’un métier”.

Stephen King a-t-il suivi des ateliers d’écriture à la faculté comme bon nombre d’écrivains américains ? Je ne sais. Mais il connaît la nécessité des lecteurs favorables que nous instituons autour des écritures dans l’atelier. Un lecteur, des lecteurs qui connaissent l’écriture de l’intérieur, encouragent, donnent la confiance d’avancer, d’aller plus loin. Ainsi, Stephen King racontant son métier d’écrivain, rend-il hommage à celle qui a tenu ce rôle tout le long de sa vie — son épouse –, sans qui, dit-il, il n’aurait pas écrit.

Stephen King écrit aussi :

    “Écrire revient à enrichir la vie de ceux qui liront vos ouvrages, mais aussi à enrichir votre propre vie. C’est se tenir debout, aller mieux, surmonter les difficultés. Et faire qu’on soit heureux, d’accord ? Oui, faire qu’on soit heureux. […] Écrire est magique, écrire est l’eau de la vie au même titre que n’importe quel art. L’eau est gratuite. Alors, buvez. Buvez, buvez à satiété.”

Vous voulez essayer ? Venez pousser la porte de l’atelier le temps d’un week-end, dans un beau lieu donnant sur un jardin, à Saint Germain-en-Laye (78).

Par la fenêtre de l’atelier entre le grand souffle de la vie qui irrigue les écritures et les partages des textes. Ain si le disait autrement Rutger Kopland : « Écrire, c’est trouver ce qui vit en toi. »

Une année sublime ?

Oserai-je ce mot, sublime, dans le chaos actuel ?

Oserai-je poser sublime contre les effractions de violences qui fissurent notre monde, contre les menaces extrémistes et la frénésie aveugle des lois du marché, contre les attaques répétées envers la dignité humaine ? Oui, justement, sublime. Comme une invitation à trouver d’autres voies, d’autres rythmes – à créer des chemins féconds de pensée vers soi-même et vers les autres.

Anne Dufourmantelle, psychanalyste et philosophe, a semé le mot en publiant La fin du sublime, dans Libération, au mois de juin. Elle écrivait : « La sublimation a vécu. Tout ce qui attente à l’envie immédiate est perçu comme un obstacle. La pulsion a trouvé un regain de toute-puissance dans un monde qui ne supporte aucune limite. »

Cette sublimation en voie de disparition, élaborée par Freud, est une conversion de nos pulsions « vers une satisfaction esthétique, intellectuelle et sociale. » Sublimer, c’est trouver une issue « au chaos de nos envies et de nos tourments » en leur donnant forme de pensée, de création. L’idée a cheminé. Je l’ai retrouvée au détour des ateliers, elle s’est invitée en formation.

J’intervenais près de Douai, dans un établissement recevant des enfants handicapés, pour deux fois deux jours de formation. Les professionnels du groupe – auxiliaires de vie, moniteurs éducateurs, infirmière, assistante sociale, éducateurs – découvraient le temps de l’écriture. Ce temps hors du temps de l’action, où la pensée éclot dans le silence, ce temps qui permet de revenir aux événements douloureux, aux questions restées sans réponse, d’élaborer ce qui s’est enkysté. Quatre jours. Quatre jours pour écrire le suivi d’enfants lourdement handicapés et rencontrer les collègues à travers leurs textes. Quatre jours pour partager le tumulte du travail, pour transformer l’âpreté d’un vécu en récit partageable — voilà le temps du sublime.

Je me souviens des mots de l’infirmière du groupe après ce temps de formation : « Si on nous avait dit, il y a quatre jours, que nous serions capables d’écrire les textes que nous avons écrits aujourd’hui, nous ne l’aurions pas cru. »

Lorsque je propose d’écrire, dans ces formations, les écritures vont très vite chercher les lieux brûlants de l’expérience, ces foyers douloureux qui couvent, en marge de la conscience, dans l’attente d’être pris en compte. Il faut commencer par reconnaître ces émotions — comment elles nous agissent, nous animent –, apprendre à leur donner forme dans des textes. Quand ce matériau brut se transforme en une œuvre partageable, alors on atteint le sublime.

Dans les ateliers, prendre le temps du silence est le premier passage. Dans le silence se cultive l’espace intérieur qui naît avec la lecture, avec l’écriture. Inventer un personnage ? Tenter le portrait d’une personne disparue ? Irriguer une histoire des questions qui nous ébranlent ? Transmettre une vision du monde dans un récit ? Dans le silence se trament les affects, les mémoires, le singulier, avec les mots.

Laurent Mauvignier disait, dans Regarder la mort en face paru dans Le monde des livres après les attentats de novembre 2015, « Écrire, c’est tenter de répondre à cette question de savoir qui nous sommes tous ensemble et chacun pour lui-même, chacun dans cet ensemble, et comment cet ensemble regarde chacun. (…) C’est la seule réponse que j’ai pour essayer de comprendre le monde, et le seul moyen pour tenter d’en parler, d’en saisir quelque chose. »

Les choses se jouent tellement au-dessus de nous qu’il est impossible d’en maîtriser le cours. Pourtant, chacun à notre mesure, depuis notre place, il nous reste à être celui – celle – que nous sommes, dans sa singulière façon de vivre et d’aimer, de faire œuvre. Nous en avons un furieux besoin, après cette année 2016 que nombreux s’accordent à reconnaître comme une année noire. S’écarter des idées reçues, des généralisations totalisantes, des amalgames. “Rendre à chacun la singularité et la complexité de sa vie. Tout ce que les tueurs, les fanatiques veulent nier, eux qui ont besoin de tout simplifier”, écrivait encore Laurent Mauvignier.

Tenter de découvrir ce que nous pensons, de connaître ce que nous désirons — en faire œuvre. Ainsi, oui : le temps du sublime et de son partage est ce que je nous souhaite, de tout cœur, pour 20017.

2017

 

Travailler les personnages en atelier

L’atelier d’écriture est le lieu où peut se déployer votre créativité.

Par créativité, j’entends donner naissance — oui, comme à un enfant. Avec la vie qui va son cours et nous invite à faire du neuf, à créer.

Jouer à créer un personnage ?

    • « Le principal trait de son caractère ? Sa vertu préférée ? »

Les propositions éveillent votre imagination qui se nourrit de mises en situations variées, de textes d’auteurs, de trucs d’écrivains.

    • « Ce qu’en aucun cas il ne peut accepter ? L’odeur qui le fait rêver ? »

Dans l’atelier, nous travaillons les questions d’écriture : comment faire vivre un personnage ? Comment lui donner corps, le mettre en mouvement ?

    • « Ce qu’il déteste par dessus tout ? Le don de la nature qu’il aimerait avoir ? »

Question après question, texte après texte, nous avançons dans le travail que vous découvrirez ici.

    • « Ce qui hante sa mémoire ? Le pays où il aimerait vivre ? »*

Je vous l’assure : après l’atelier nous connaissons de façon intime les personnages créés par chacun — ils sont vivants, avec nous, autour de la table.

* Cette invitation à l’imagination d’un personnage est tirée du Questionnaire de Marcel Proust. Je l’utilise dans l’atelier Commencer un récit long, lorsque nous posons les fondations d’un récit au long cours.

Personnages

Faire écrire des fictions ?

« Vous verrez qu’on peut raconter une histoire d’amour, une enquête criminelle ou une chronique familiale de mille manières différentes et que ce n’est pas la nouveauté de l’histoire qui compte, mais la manière dont on la raconte. »

C’est Martin Winckler, cet amoureux-raconteur-d’histoires dans l’enjeu de la narration.

Martin Winckler fait partie des compagnons auteurs qui m’ont entourée ces dernières semaines tandis que je préparais le programme des ateliers.

Un premier atelier : l’atelier commencer un récit long.
Perec y rejoint Winckler pour l’amour des histoires « qui se dévorent à plat ventre sur son lit. »

Perec, qui a inspiré Winckler, qui vous inspirera à son tour tandis que je vous écouterai écrire.
(Oui, sans doute est-ce cela qui fait ma posture lorsque je vous accompagne dans l’écriture en atelier : je vous écoute écrire.)

Cette écoute, (accompagnement et traversée) — outre un goût profond pour l’art et mon expérience de la psychanalyse –, cette écoute s’est construite depuis mon amour immodéré pour les histoires qui nous disent les hommes et le monde dans le silence des livres.

Enfin. Avant d’accéder aux voix qui parlent dans le silence des livres, il y eut un passeur ; un passeur et une voix — la voix de mon grand-père me lisant les histoires des frère Grimm (ces collecteurs de légendes), le soir dans la maison du Nord où nous passions ensemble l’été.

La journée, il y avait l’espace immense des plages du Nord et l’attente de la voix qui raconterait, le soir, les histoires qui font le monde habitable, intelligible.

C’est encore Winckler. Il dit que les livres le consolent, l’éclairent, le fortifient.

Avec Winckler, avec Perec et bien d’autres — je vous invite à écrire des fictions qui nourriront notre plaisir d’écouter les histoires qui naissent dans le silence des livres.

L’écriture et la vie

Avec Laurence Tardieu

J’ouvre ma fenêtre de lectrice sur un livre tout juste paru, en ce début 2014 : L’écriture et la vie, de Laurence Tardieu. J’ouvre ma fenêtre sur cette voix qui parle d’écriture, des difficultés profondes rencontrées à écrire, de la peur de ne plus parvenir à trouver des mots à soi, du processus qu’on traverse, pourtant,
de cette traversée.

    « J’avais peur de mon propre désordre intérieur
      peur de perdre pieds. »

 « Dans la vie aussi j’avais peur de perdre pied. »

« L’écriture, comme l’amour, n’a de sens que si l’on accepte de perdre pieds. De quitter le rivage.

Quitter la terre ferme, se laisser emporter. »

premiers jours 14

« Bien sûr, il y a un risque à prendre : en amour, comme en écriture, on peut y laisser sa peau. »

    mais
    « rien dans la vie – ni la pensée, ni le rêve, ni le désir, ni la volonté –, rien ne me permet de pénétrer ces espaces si ce n’est l’écriture. »
    « Seule l’écriture me donne un véritable sentiment d’appartenance au monde. »

seul janv 14

      « Sensation aiguë, ces jours-ci, de me battre avec mon texte, de me battre avec moi-même. Mais finalement toute expérience d’écriture ne consiste-t-elle pas en ce combat ? »

« J’avais écrit juste … mais quel risque avais-je pris dans cette histoire ? »

1-1-14 traversée

      « combat entre soi et soi,
      combat contre sa peur, contre sa nuit,
      combat pour repousser ses propres limites, franchir des frontières intérieures, atteindre des contrées jusque là inconnues de soi,
      combat pour chercher, de toutes ses forces,
      comment être plus libre. »

traces janv 14

« avoir osé être libre. »

« Je suis passée de la peur au désir plus grand que la peur. »

Je referme ma fenêtre sur le livre. De Laurence Tardieu, j’avais rapporté d’autres paroles lorsqu’elle racontait l’atelier d’écriture qu’elle avait proposé à des personnes en souffrance psychique.

Dans ce livre, une fenêtre donne sur des arbres et veille sur l’écriture. Oui, il y a ces peurs qui menacent avec écrire, et ce bonheur très grand, lorsqu’on accoste sur l’autre rive après la traversée.

Avec Pierre Michon

« J’ai face à l’écriture une tactique contournée, peut-être superstitieuse…

… c’est-à-dire qu’il faut que j’approche l’écriture par des traverses, des biais, les mille ruses de la latéralité ; c’est ce que je fais, m’approcher »

C’est Pierre Michon, énonçant ce qui le constitue écrivain dans Le roi vient quand il veut.

    « Ça marche si mon angle d’attaque latéral est juste. Et ça ne marche pas si j’aborde mon sujet frontalement. Je passe mon temps à déplacer le tabouret. Si je me dis bille en tête, bien assis devant la question : “Qu’est-ce que je pense de Rimbaud, qu’ai-je à dire devant cela ?”, rien ne peut en sortir, absolument rien. Mais tout d’un coup, un jour, un matin, j’ai bien déplacé le tabouret, j’ai biaisé la question, et ma première phrase est là. Et quand la première phrase est là, il n’y a plus qu’à tirer le fil, tout continue, tout “marche”. Je peux ajouter que ça marche quand je suis ivre de mon sujet, quand je m’éprends de lui. »

Intense nécessité de dire ; cruelle exigence ; connaissance des abîmes… La création fraie ses chemins entre longues périodes arides et puissantes pulsations de l’écriture.

À la question du miracle que fut pour lui les Vies minuscules, Michon répond :

    « Le miracle c’était simplement, à près de 40 ans, de pouvoir danser enfin sur mes deuils. C’était que mon désastre intime se résolve en prouesse, mon incapacité en compétence, ma mélancolie en exultation, bref, toute chose en son contraire. »


Et, pour accompagner ces fêtes dont je souhaite qu’elles soient celles du passage vers un renouveau, je vous confie ces derniers mots :

    « Écrire, c’est changer le signe des choses, transformer la douleur passée en jouissance présente, faire de l’art avec la mort. Je ne valorise absolument pas la douleur, je ne suis ni doloriste ni saint-sulpicien. Seule l’écriture, cet après-coup inouï, peut la sublimer en joie, c’est-à-dire lui donner un sens. L’écriture n’est jamais là au moment où les choses se passent, elle vient après, bien après parfois. »

Passion et création

Il faut créer

« Il faut créer,
au sens de ce qui est requis par la vie pour qu’elle vive,
pour qu’elle puisse se réjouir de la puissance d’agir qu’elle est
et ainsi persister dans son être. »

Ainsi l’énonce Paul Audi dans Créer, un ouvrage découvert grâce au site de Pierre Hébrard (merci pour cette trouvaille !) : Translaboration.

Tout d’abord saisie par le caractère injonctif de ce « il faut », j’ai fini par me rendre à l’évidence. Oui. Avec Paul Audi je dis : « Il faut créer ». Je le dis depuis ma posture de passeuse et d’accompagnatrice ; depuis l’habitude de faire poids, dans mes ateliers, par mes paroles et mes actes, du côté des forces favorables – qui nous poussent à faire du neuf, créer – contre les forces destructives – qui surgiront pour nous convaincre de notre incapacité, nous détourner vers d’autres tâches prétendument plus utiles, nous empêcher.

(J’ai déjà parlé de cela ailleurs.)

Kafka le disait autrement :

    « Dieu ne veut pas que j’écrive, mais moi je le dois. »

Oui, il la faut, certains jours, la force assertive de ces phrases, pour soi-même comme pour les autres, pour soutenir l’élan à créer.

Quels étonnants endroits, ces ateliers d’écriture. Ces lieux où écrire et être à l’écoute des textes est le plus important. Ces espaces où l’écriture se fait et se parle, se cherche, se travaille — où l’on joue avec les mots, les phrases, les images, le sens, le souffle de la langue.

Oui, je crois que créer nous garde vivants, nous tient éveillés, ouverts — nous sort de nos ornières.

    « Écrire et exister sont une même tâche obscure et une même évidence. Écrire creuse le mystère. Il s’agit de tenter de formuler cette énigme qu’est l’existence humaine, par tous les moyens, des plus sophistiqués au plus rudimentaires. Le sens de la littérature est là. Il demeure là, en dépit de toute l’histoire passée et des pages accumulées. »

Ici, c’est Jean-Michel Maulpoix, déjà cité au sujet de la lecture.

Écrire. Entrer dans le vivant de la recherche de sens. Questionner le monde, questionner la langue et chercher, dans la littérature et en soi, les formes d’une énonciation personnelle. La langue rapporte le monde, avec lui les questions, et l’appel.

Jonas Kamm, Les habitants, Arles 2021

Avec Braque

« Le tableau avant tout c’est une aventure.
Je pars à l’aventure vers le mystère des choses, leur secret.
J’attends que ça se dévoile. »

Pour Braque, dont on a vu l’oeuvre gigantesque, durant l’automne 2013, au Grand Palais, il en est de la peinture comme il en est, pour d’autres, de l’écriture.

« L’artiste n’en finit pas d’épuiser ses rêves. »

Partir à l’aventure vers les mystères du monde, c’est ainsi que j’entends l’écriture – le voyage en écriture.

(Extraits de Georges Braque – André Verdet, Dernier entretien avec Braque)

Absence

Un ami disparaît

Pierre Bernard tricotait des formes étranges.


Il lui est arrivé d’écrire sur son travail. Lisant ce qu’il écrivait de son processus de création, j’ai pensé à l’écriture – ce qu’elle inscrit de notre présence au monde.

Pierre Bernard
Présence
« Lorsque l’on tricote, l’action se passe sur une surface très petite, de l’ordre de quelques mm2, ce qui est peu par rapport à la surface de notre corps. Il y a une forme de triangulation entre les mains qui ressentent, les yeux qui regardent les mains au travail et l’esprit qui reste vigilant et conduit l’opération. Le corps est comme fixé d’une manière ponctuelle par le travail en cours mais il est en même temps libéré à partir et au-delà de ce point focal.
Il me semble que cette présence (…) étend ses qualités au fond de soi en nous installant dans une disponibilité élargie au monde. Présence en même temps flottante et tendue. »
© Pierre Bernard

Toutes ces mailles comme autant d’inscriptions ; tous ces ouvrages comme autant de traces de sa présence.

Aujourd’hui, Pierre s’est retiré du monde.
Son œuvre, elle, vit encore.

Avec Charles Juliet

Ce qui compte, c’est qu’un livre dise le vrai, nous fasse découvrir un inconnu, émette des vibrations qui émeuvent nos profondeurs.

« J’écrivais sur des carnets, des feuilles volantes, au dos d’enveloppes qui traînaient dans mes poches. L’écriture me servait à me rejoindre, à m’unifier, à renouer le contact avec l’être du dedans ; elle m’aidait à m’élucider, et aussi, à mieux me ressentir. »

« Je n’ai jamais pris la décision de tenir un Journal. Si je me suis mis à griffonner des notes, c’était faute de pouvoir écrire autre chose. J’avais besoin de me connaître, de m’explorer, me clarifier, m’unifier. Après avoir amassé un certain nombre de notes, il m’est apparu un jour que j’écrivais un Journal. Durant toutes ces années, je l’ai considéré uniquement comme un moyen de recherche et d’apprentissage, non comme une œuvre possible. Mais depuis que je l’ai publié, les lettres de lecteurs que j’ai reçues m’ont fait changer d’avis. Ils me disent en effet que ces ouvrages sont pour eux une nourriture. Que certaines notes leur ont révélé ce qu’ils étaient. Qu’elles les aident à s’exprimer. Qu’elles ont mis fin à leur solitude en leur apprenant que leurs interrogations, leurs tourments, leur souffrance, un être en qui ils se reconnaissaient les avait vécues. »

« Ce sont donc ces lettres qui m’ont conduit à penser qu’un Journal n’avait pas à être considéré comme une œuvre de second rang. D’ailleurs, qu’importe qu’un livre appartienne à tel ou tel genre littéraire. Ce qui compte, c’est qu’il dise le vrai, nous fasse découvrir un inconnu, émette des vibrations qui émeuvent nos profondeurs. »

Charles Juliet, dans Trouver la source (La passe du vent, 2000)