Mettre une histoire en mouvement

Comment trouver l’inspiration et la motivation pour s’engager dans une écriture au long cours ?

C’est à cette invitation de l’atelier Commencer un récit long par e-mail qu’avait répondu Christiane, il y a bientôt un an. Tout comme Francine, quelques temps auparavant.

“J’essaie de me souvenir pour quelles raisons j’ai voulu mettre en œuvre cette démarche d’accompagnement. Certainement, d’abord, pour tenter un travail d’écriture de longue haleine, pour me coltiner à cette traversée vers le texte. […] Traduire un thème, caractériser un personnage, identifier des événements, des obstacles, penser transformation, développement de l’histoire, aboutissement de l’intrigue : autant d’étapes nécessaires pour que vienne s’incarner progressivement une histoire, non plus dans la fulgurance, mais dans le cadre d’une progression clairement (enfin, idéalement…) formulée, à tout le moins à peu près identifiée. Pour commencer.”

Christiane désirait travailler par e-mail. Elle avait choisi ce dispositif pour écrire chez elle, à son rythme. Nous nous étions rencontrées une première fois, elle m’avait dit ce désir. Puis elle l’avait laissé mûrir. Puis un jour elle s’est dite prête. Elle reçut une première proposition d’écriture. Je fis connaissance avec son projet.

“Ceci étant posé, se reconnaître dans ce qu’on est en train d’écrire est sans doute le plus compliqué. Ce texte qui vous sort des doigts, parfois (en réalité le plus souvent) on se demande d’où il sort, on se demande ce qu’il veut dire, on se demande quoi en faire, on tourne autour, on le reprend une fois, dix fois, cent fois – il ne dit toujours pas son nom. On insiste, on attaque à l’autre bout, on souffle, on trépigne, on s’arrache les cheveux (heureusement on a arrêté de fumer). De guerre lasse, parfois, on laisse tomber, on lâche, et quelquefois ça vient à ce moment-là, d’autres fois tout finit à la poubelle.”

Tous ces aléas du processus d’écriture, avec Christiane, je ne les connaîtrai pas pendant que nous travaillons ensemble — à la différence de ce que j’observe dans les groupes, où les craintes et les doutes s’expriment à réception des propositions d’écriture, où les corps soupirent et s’agitent pendant les temps d’écriture, ou les difficultés se disent avant de lire le texte qu’on vient d’écrire dans l’atelier.

“Le plus compliqué, pour moi, c’est de ne pas perdre le fil. Jusqu’à comprendre, qu’en réalité, il n’y en a pas qui préexiste – qu’il n’y a d’histoire que là où je l’écris. D’où la nécessité d’élever momentanément des échafaudages (hum quand ils ne prennent pas feu). D’où la nécessité de « prévoir » un peu les couloirs par lesquels l’écriture passera, se faufilera, trouvera à avancer – et quelquefois encore à se perdre.”

Cet accompagnement s’est donc déroulé à distance, étape après étape — envoi d’une proposition, réception d’un texte en réponse, envoi de mes retours sur le texte reçu, accompagnés de la proposition suivante. De Christiane, j’ai reçu peu de commentaires sur les textes qu’elle m’envoyait. Entre elle et moi : ses textes, et l’évolution de son histoire.

“Apprentissage d’un travail d’étayage de mon écriture sous l’angle de la mise en mouvement d’un récit de fiction. Mise en mouvement. C’est vraiment l’expression que j’ai envie de retenir (si je puis dire… !). Mettre en mouvement pour que ça démarre, pour que ça entraîne – qui ? Mais le lecteur ! Ha, celui-là. M’en suis-je jamais préoccupé… Jamais, à vrai dire. […] Rendre clair pour quelqu’un d’autre ce qui l’est pour moi – quand j’écris. […] Qu’est-ce que je veux dire ? Et comment le dire pour que l’écart demeure, qui laisse de la place à l’imagination du lecteur, sans que s’installe pourtant l’incompréhension, qui fait que je le perds. Fragile frontière.”

Oui, les frontières sont fragiles, aussi, entre ce que l’on pense d’un texte lorsqu’on le lit — les rêveries qu’il provoque –, et ce qu’on va en dire à son auteur, espérant pousser plus loin la dynamique d’invention de l’histoire. Plus loin : jusqu’à la prochaine étape ? Plus loin, jusqu’à ce que l’histoire entraîne d’elle-même son auteur vers son aboutissement.

“Apercevoir ce qu’on écrit, quelquefois. Délicieux mirage qu’on cherche à saisir et qui s’évapore presque aussitôt, ou plutôt se reforme, plus loin, pour inviter à y aller, pour voir ce qui s’y joue, dans ce plus loin. Il faut du temps, sans doute, d’où le temps pris pour cet accompagnement. Ce long, lent déroulé d’aspects divers du récit qui tous ont vocation à se rejoindre. Puzzle au départ. C’est inévitable.”

Peu à peu, j’ai assisté à la mise en forme de l’histoire qu’écrivait Christiane. Un personnage — Véronique — énigmatique, habité de rêves et de lectures. Un récit musical, dépliant de mystérieuses atmosphères. Une intrigue avançant en succession de tableaux.

“Ma Véronique m’a fait suer sang et eau. Je l’ai perdue cent fois, réinventée autant de fois, laissée filer plus loin, sans moi – aussi étrange que cela soit, quand on tente d’expliquer cela, c’est elle, ce n’est pas moi, qui sait où nous allons. Il faut faire confiance aux personnages qui surgissent en vous, un jour, qui vous sortent des lèvres, un matin, un soir, au milieu de la nuit, aux premières heures du matin. Ils savent mieux que moi ce que j’ai envie de raconter, ils viennent de plus loin. Ils attendent juste que je le comprenne. Ils ont le temps.”

Oui, elles existent bel et bien, les fondations du récit qui verra Véronique traverser les obstacles que la vie — et son style si singulier — ont dressé sur son parcours. Puisse l’écriture la mener, en son temps, à l’horizon de cette histoire.

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J’écris pour mieux t’écouter

Le voilà cet article écrit pendant l’hiver : Restaurer une relation vivante avec l’écriture.

    “Nous ne nous connaissons pas et pourtant, écrivant, je m’adresse à vous qui deviendrez mes lecteurs lorsque vous découvrirez ce qu’aujourd’hui, me mettant à écrire, je ne conçois pas encore. Car avant d’écrire […], je n’ai qu’un vague projet : je viens avec mon désir de vous parler de l’écriture et de ses processus, des ateliers d’écriture et formations que je conduis depuis vingt ans, notamment auprès de personnes qui exercent des métiers de la relation. Je viens aussi avec le désir de vous transmettre quelques-unes des convictions qui nourrissent ma posture de passeuse. Je porte ces désirs encore confus, là, face à la page blanche ouverte sur l’ordinateur. Mais la forme que prendront ces désirs, les mots qui les soutiendront, le texte qu’ils feront naître, je n’en sais rien encore.”

Que peut l’écriture ? était la question posée à l’origine de ce numéro 110 de la revue Empan, paru en juin 2018 sous le titre Écritures au travail : “Écrire, depuis toujours, agrandit nos capacités de comprendre et d’inventer. Comment l’écriture aide-t-elle à donner du sens aux pratiques ? à la vie ?” nous demandait le comité de rédaction, citant Belinda Cannone : « Connaître-écrire consiste à déployer les questions qui traversent notre vie et qui, d’être déployées, les transforment. »

Comme toujours, mes compagnons auteurs m’ont accompagnée à construire une pensée qui éclairerait les questions posées, à écrire : Belinda Cannone, Anne Dufourmantelle, Nicole Caligaris, Dominique Dussidour, Serge Klopp, Bernard Noël, David R. Olson, Jacques Riffault, Joseph Rouzel et Claude Simon.

    “Écrire. On croit souvent que la pensée précède l’écriture, que ce qui va s’écrire existe déjà avant de se mettre à écrire ; on va parfois jusqu’à imaginer que le texte se déroulera sous nos mains, comme s’il était dicté par… une voix ? L’inspiration ? Très vite, on s’effraye que cela ne vienne pas ainsi, on désespère de la lenteur de l’acte, de la pauvreté des mots lorsqu’ils parviennent à la page, de la forme bancale des phrases, de ce qu’elles dévoilent de nos désordres intimes… on finit par se décréter incapable. C’est ignorer que, quelle que soit la tâche d’écriture qui nous requiert, écrire produit toujours de l’inattendu.”

Découvrant Écritures au travail, je trouve des échos entre ce que j’écrivais et les articles de celles et ceux qui écrivaient, elles et eux aussi, sur l’écriture… Marc Dujardin, par exemple, dans Dans l’après-coup d’écrire : “Nous avons appris que nous étions tributaires d’une sorte de dictée en nous des mots, que nous ne pouvions avancer que dans l’emmêlement de ce que nous disons et de ce qui nous le fait dire.”

Françoise Gaudibert, aussi, avec Écrire pour finir : “J’ai en outre reconnu quelque chose de très plaisant et à quoi je tiens par-dessus tout : la jubilation qui vous saisit quand “écrire” vous fait “découvrir” un continent nouveau, une image ou une idée qui arrive sans prévenir. L’écriture n’est pas le seul lieu de ces découvertes heureuses, que je sais reconnaître dans la pratique du dessin et qui constituent certainement la raison d’être de toutes les formes de pratiques créatives. Penser, lire, débattre sont aussi des domaines qui procurent des bonheurs de natures proches, sinon identiques.”

    “Écrire. On travaille avec cet inconnu qui cherche à trouver forme dans un texte. Même si l’on connaît son sujet, même si l’on a au préalable pris beaucoup de notes, l’écriture agira comme un révélateur. La prolifération complexe de sens qui prendra corps dans le travail du texte nous racontera ce que nous ne savions pas savoir, si nous nous laissons porter – traverser – par la dynamique du processus qui tend vers le texte abouti. Alors seulement se révélera la forme singulière d’une pensée.”

Il s’agissait aussi de parler des écritures des métiers dits “de la relation”. J’ai ainsi découvert le récit d’un atelier d’écriture proposé à des adolescents en CMPP, La boîte à mot, de Marie-France Léger : “Vagabonder, explorer les formes d’écriture, inventer en toute liberté avec les mots dans le cadre rassurant de l’atelier peut favoriser la mise en place progressive d’un véritable processus créatif chez l’adolescent et l’amener, peu à peu, à une élaboration de ce qui le fait souffrir.”

    « J’écris pour mieux t’écouter », disait François Dolto aux enfants lorsqu’ils lui demandaient pourquoi elle prenait des notes pendant leurs séances de psychanalyse. Il s’agit bien d’écouter l’autre, de mieux l’écouter dans la relation qui fonde toute clinique. Dans ces métiers de la relation, la clinique se soutient toujours d’une présence. Elle mobilise la disposition du professionnel à être touché par l’autre, à faire lecture de ses difficultés au travers des paroles confiées dans l’entre-deux de la relation. La posture demande de penser les relations complexes dans lesquelles on est impliqué.”

Accompagner l’écriture des métiers de la relation ? Vous qui lisez mes articles, vous reconnaîtrez ce thème, maintes fois abordé sur ce site, notamment dans la rubrique Formations.

    “Écrire. Il n’existe pas de méthode miracle, pas de techniques qui garantiraient l’efficacité de tous. Chacun doit trouver ses propres chemins pour écrire, même s’il s’agit toujours de traverser un même processus, de s’y confronter à des obstacles qu’on trouvera d’autant mieux à contourner qu’on aura restauré une relation vivante avec l’écriture, en la pratiquant régulièrement. Chaque écriture – chaque style, chaque forme de pensée – sera toujours singulière, tout comme chaque personne, chaque professionnel qui écrit.”

Chantiers d’histoires

Dans l’atelier Chantiers, on commence par dessiner des esquisses

Les projets ont cheminé pendant l’été ; ensemble on avait ébauché les histoires, construit quelques personnages, imaginé ce que ces histoires et personnages pourraient bien signifier, cherché des thèmes, lors de l’atelier Commencer un récit long.

On ouvre donc un nouvel atelier Chantiers, ce mois d’octobre 2017. Je propose, avant de se rencontrer en première séance d’atelier, d’envoyer un aperçu de son projet à ceux qui deviendront les lecteurs du groupe. Comme souvent dans l’atelier, on s’inspire d’une forme explorée par les écrivains pour nourrir l’inspiration. Ici, il s’agit d’une déclaration d’intention, trouvée sur le blog d’un grand amoureux de la narration, Martin Winckler.

“L’histoire se passe et à Paris et en province, à Lille peut-être, c’est à revoir. Dans les années 70/80, avant le numérique. Je veux dire qu’en matière de photo, on est à l’argentique. Car la photo et le théâtre sont ici supports de l’action.
Ce que je cherche à dire ? je ne sais pas bien. Une envie de parler de la relation humaine, de la personne dans ses liens sociaux, socioculturels, amicaux, familiaux, je ne cherche pas à parler de politique mais à évoquer le féminisme, une évolution sociale à travers des conflits de génération, parler des blessures intérieures qui font la personne.”
Odile

Le projet peut être encore un peu flou, à cette étape, mais on le sait : c’est en écrivant qu’on découvrira où l’écriture nous entraîne…

“Diane fait un reportage sur la résistance des arbres à la sécheresse dans un pays du Sahel. Elle suit un groupe de chercheurs forestiers en mission pour cinq jours. Nous sommes dans les années 90, dans un pays d’Afrique de l’Ouest indéterminé.
Dans ce livre, je voudrais raconter l’Afrique, bien sûr, ses conditions de vie si particulières, la recherche agronomique tropicale avec les drôles d’énergumènes qui la pratiquent, le métier de journaliste, et plus largement l’écriture.
C’est à travers l’étude de ces arbres résistants, et grâce aussi à la rencontre d’un certain Robert, que Diane va peu à peu remettre en question les voies qu’elles s’étaient choisies, quitter le sacrifice pour aller à la recherche de ce qu’elle a vraiment envie de faire. Le chemin va être aussi dur sur le terrain que dans sa tête. Et le terrain, en Afrique, c’est quelque chose !”
Florence

On a maintenant un monde, des personnages, une ébauche d’histoire… on tente de tricoter tout ça avec ce qu’on cherche à y mettre de désir, de questions sur la vie, sur l’humain.

“V. n’est pas un mari modèle, ni un père modèle, ni un employé modèle. Il serait plutôt quelqu’un qui se tiendrait en marge, plutôt un loup solitaire contrarié… Quelqu’un d’aidant certes, vis-à-vis de son entourage et de ses collègues, mais qui ne souhaite pas se retrouver en situation d’être aidé.
Et lorsque, dans la grande banque dans laquelle il est employé, V. commence à poser des questions sur des règles de fonctionnement qui n’étaient jamais remises en question par ses collègues, eux-mêmes employés modèles, de vrais loups dans la meute, alors il pose un problème à chacun.”
Philippe

Les projets sont nourris des expériences personnelles, mais on ne s’attardera pas sur la dimension autobiographique : ici, c’est la vérité des histoires racontées qui requerra notre soin.

“Écrire l’histoire d’une enfant pas comme les autres à travers les points de vue de différentes personnes de son entourage.
Dans un premier temps, on ne saura ni l’âge ni le prénom de l’enfant, on l’appellera “la petite”. Elle ne parle pas, elle crie. Tout ce qui l’entoure l’effraie, elle casse les objets, tape et tire les cheveux des autres enfants, se précipite sur les adultes avec violence. Elle court tout le temps, se cache, elle n’a aucune limite, aucune conscience du danger. […] Ses parents, les docteurs, le personnel du centre qu’elle fréquente en journée, tout le monde dit qu’elle est « trop petite pour son âge »”.
Solange

Comment faire parler une enfant qui n’est pas inscrite dans le langage ? On travaillera les point de vue, les voix de la narration. On s’inspirera, comme toujours, des travaux des écrivains.

“Glisser hors du monde. Ce qu’on peut faire d’une vie qu’on ne supporte plus… se suicider… la changer… en changer… partir. 10 000 personnes disparaissent chaque année au Japon, volontairement et quelques milliers en France. […]
Le Japon, un jeune homme, un transgenre, des disparus, un neveu en quête, une Japonaise disparue en fin de vie… un chien charmant, une belle maison dans les bois en France, des vilains secrets datant de la guerre de 1945 au Japon, des crimes de guerre, des hontes, des hantés, des fantômes…
Ce serait un roman avec des personnages qui ont disparus et ceux qui restent et un qui cherche… une quête, des histoires de familles, des secrets, des hontes, la guerre, le Japon, la France, un homo tué par des homophobes un soir dans une ville de province, un homme qui est une femme ou pas ou ni l’un ni l’autre, un chien, important, sans doute un ou plusieurs chats traverseront la scène…”
Brigitte

Quelle formes, originales et singulières, trouveront chacun de ces projets dans le cheminement de l’écriture ? Nul ne le sait encore.

“Mise en fiche, le personnage « possède » : Un métier de conseillère d’orientation dans un lycée urbain, et une reconnaissance due à une ancienne activité de journaliste. […] Un rêve : offrir beaucoup plus d’aide aux jeunes que l’institution propulse vers des voies non choisies.
Elle a un lieu à créer, et vite, une « chambre à eux », un lieu, un temps, un regard pour tous ces hésitants aux yeux éteints, rebelles sans rébellion ni boussole. Un lieu où ils seraient entendus, confortés, guidés, « réalisés » : (re)mis dans le réel, face à la route, en chemin vers leurs désirs, sans culpabilisation ni menace.
Refuser le raisonnable et renoncer au confort que la maladie lui fait croire vital depuis une trentaine d’années. Et si c’était l’inverse, si la maladie se révélait soluble dans le risque ?”
Anne

Ces projets seront déplacés et remaniés autant que l’écriture le demandera – c’est elle qui ouvre la voie. Elle invente, surprend, détourne, cherche… Parfois elle peine, et parfois jaillit, forte d’une forme neuve qui se trouve, s’impose.

Découvrir d’autres récits de l’atelier Chantiers, ici.

Commencer un récit long

Commencer, peut-être : mais quelle histoire choisir ? Avec quels personnages et comment tiendront-ils la route ? Qui racontera l’histoire ?

    “Je découvrais le pouvoir de ma voix et cela me rendait terriblement humble, et reconnaissant.” Patrick Autréaux, La voix écrite
Te convaincre de participer à l’atelier ?

” Te dire que l’objectif de l’atelier est de raconter des fadaises, des balivernes, des salades, des gourmandises, bref des histoires ; te dire qu’une fois ces histoires bien engagées, on rentre dans l’aventure qui prend les tripes et le cerveau, si bien qu’à la fin d’une journée, en passant la porte de l’atelier, on se retrouve non pas dans la rue mais sous un ciel dégagé à l’heure de la rosée, dans une grande plaine couverte d’herbe à bison ; t’avouer, du coup, qu’il te sera quand même difficile de retrouver le métro, le bus ou le Vélib’ par lequel tu es venu, une fois fini l’atelier.”
Valentine

fictions 2“Promesse de chaufferie d’imagination remplie à 1000 % !

” L’atelier pourrait s’appeler « l’écriture est un jeu d’enfant », mais ne vous y trompez pas : l’aspect ludique du travail n’est certainement pas innocent et encore moins inoffensif. Il provoque un volcan d’émotions et d’idées qui se concrétisent par un début de roman pour certaines, de grandes révélations pour d’autres.
Avec Gratitude.”
Ludmilla

“Je suis sortie de ces 4 jours d’atelier en ayant donné corps à un projet d’écriture que je portais depuis longtemps.

Aujourd’hui je tiens des personnages de fiction et un début de fil narratif et je tiens à ce fil, ce n’est pas n’importe quel fil, c’est le mien, Claire m’a aidé à le reconnaître.”
Marion

“Bienvenue, c’est ton espace d’écriture !

Tu arrives, somme toute assez optimiste, parce qu’en une semaine, tu vas en faire des choses ! Ça commence bien, première consigne, bonne moisson, tu engranges du matériel, tu accumules, c’est bien, tu es bien sur le chemin de la création et de la construction. Euphorie.
Puis rapidement tu es bousculée. Hop, ça y est, tu te dis que vraiment ce n’est pas si facile. Fallait pas rêver. Et là, grand moment de solitude. Mais voila, ça y est, tu entends un bruit, VLAM ! Une cloison blanche de la salle claire qui tombe d’un pan entier, ouvrant soudainement un nouvel horizon. Ça te donne l’élan pour attaquer la phase d’écriture suivante. Et là aussi, il se produit le même effet, même panique. Et à nouveau, ta posture change. VLAM VLAM et reVLAM, une à une les cloisons blanches de la salle tombent, et te placent au cœur même d’un espace où l’air est plus vaste et le monde plus imaginatif. Bienvenue, c’est ton espace d’écriture ! Le champ des possibles y est à la fois plus vaste et, bizarrement, plus à ta portée.”
Carine.

fictions 3

“C’est en cours

Il y a une masse incommensurable de glace dont se détachent quelques icebergs. Chaque iceberg, c’est un morceau de texte qu’on a écrit à l’atelier ou qu’on écrira. Les icebergs flotteraient dans le cercle des lecteurs, en progression constante, éclairés par des lumières différentes. Pour la prochaine proposition, c’est un autre iceberg qui se détachera.
C’est en cours. Grâce à des dispositifs, des subterfuges bien maîtrisés, les eaux sont remuées. Ça devient en cours.”
Dominique

“L’impression de m’immerger dans un liquide amniotique

N’est-ce pas une naissance, en même temps qu’une plongée, à quoi nous fûmes confrontées avec cette initiation au roman ? J’étais comme téléguidée par la voix de Claire, navigant parmi des îlots de textes où prendre pied avant de retourner nager. Conduite par un fil invisible, mettant de côté ma volonté, tissant ma toile et observant ce qui se passait avec curiosité. Mon personnage central a tenu le coup, s’est développé. Je me sens installée dans un commencement de roman.”
B.

“Donner un cadre à l’écriture

Je suis arrivée à cet atelier encombrée par plusieurs sujets de romans, certainement trop vastes pour moi. J’ai retrouvé le goût d’écrire : tous les jours Claire nous demandait d’écrire, le crayon filait sur le papier et les idées galopaient. Un vrai plaisir ! Je voudrais dire aussi l’importance de la dynamique du groupe : l’intérêt de chacune pour son texte mais également pour celui des autres. La difficulté n’est pas masquée, mais elle semble possible à dépasser.”
PHD

“Une parenthèse enchantée

Jour 5. La nuit porte conseil, dit-on. Ce serait plus simple que ce soit le jour, parce que la nuit, moi, j’ai besoin de dormir. Mais mon cerveau n’était pas de cet avis la nuit dernière… Mon projet de roman tournait et retournait dans ma tête, et l’inspiration qui m’avait fait défaut la veille me chuchotait quantité de nouvelles pistes à explorer et de personnages à insérer dans mes textes. C’est donc la tête emplie de cet embryon de livre que je suis arrivée ce matin à l’atelier, heureuse de pouvoir partager avec Claire mes nouvelles idées. Joie de sentir de nouveau mon stylo filer sur le papier, bonheur de sentir mon histoire prendre corps. L’angoisse de la page blanche est momentanément oubliée.”
Anne-Sophie

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Lectures en atelier

Bonjour,

J’aimerais vous inviter à réfléchir à ce qui fait que nos lectures deviennent de réels appuis pour l’écriture de chacun-e, dans l’atelier.

On ne redit jamais assez combien créer rend fragile — combien souvent l’on est confronté aux doutes sur le chemin d’écrire. Si ces fragilités ne s’éveillent pas pour tous aux mêmes étapes du travail, il est difficile d’imaginer d’écrive sans jamais les rencontrer. C’est pourquoi parler des textes dans l’atelier est si délicat.

Quand on parle d’un texte, on ne peut qu’en parler depuis ses goûts de lecteur, et heureusement : c’est ce qui fait la diversité des lectures de l’atelier, qui permet à chaque auteur de découvrir l’effet de ses textes sur les lecteurs.

Mais, dans l’atelier, nous nous adressons à un auteur qui est entrain de créer quelque chose d’encore inconnu pour lui, quelque chose qui fait de lui une sorte de funambule entre ce qu’il cherche à dire et comment il avance à l’écrire. Vous le découvrirez ou le savez déjà : la plupart du temps on écrit sans savoir où écrire nous conduit. Parfois on se trouve emporté dans un flux d’écriture bien au delà de ce qu’on avait imaginé. C’est ça qui est heureux — et inquiétant — avec la création.

Le rôle des lecteurs dans l’atelier, c’est soutenir l’énergie qu’il faut pour prendre soin de ce qui est entrain de grandir dans l’écriture… Peut-être que ce que l’auteur écrit ne correspondra pas à nos goûts… peut-être que ce qu’il écrira nous dépassera complètement… peut-être que ça restera en-dehors de ce que nous pouvons comprendre… ce qui compte, c’est que chacun-e soit accompagné-e à aller où l’écriture l’emmènera.

Aussi je vous propose de vous demander, lorsque vous lirez les textes de l’atelier : qu’est-ce que ce texte m’apprend ? quel est ce monde auquel il m’invite ? qu’est-ce que ce monde vient ouvrir ou déplacer de ce que je connais, ce que je sais, ce que je crois ? Quelle est l’énergie que je sens dans ce texte ?

Et tenter de témoigner de ce qui nous fait autre, que nous apprenons dans les livres, qui se trouverait en germe dans ce texte.

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