Pourquoi écrire avec Mauvignier ?

“Il faut écrire à hauteur d’homme (…) oui, écrire en prenant le temps de l’homme comme mesure, et pas celui de l’actualité,”

disait Laurent Mauvignier interviewé sur Diacritick.

Il faudrait écrire “des personnages qui ont cette dignité, cette grandeur baignée dans l’indifférence de l’histoire – des personnages riches de leurs fragilités et de leurs blessures, de leurs échecs, mais aussi, toujours, d’un idéal, d’une force, d’une énigme qui les fait plus grands qu’eux-mêmes.”

Pourquoi, donc, écrire avec l’œuvre romanesque de Mauvignier ?

Pour dépeindre des êtres humains anonymes et fragiles — comme vous et moi — et les faire exister dans le bruit et le temps inhumain du monde ? Pour se placer à l’intérieur de ses personnages et chercher à quelles voix s’alimentera l’écriture : aux monologues qui ont initié le parcours de Mauvignier ? À la narration imagée et complexe de Continuer ? Aux dialogues — comme dans Le lien, où l’attachement indéfectible entre deux êtres nous est révélé en même temps qu’à eux même par l’unique voie des paroles qu’ils échangent après 30 ans de séparation ?

    “L. – On fera comme tu voudras, ne t’inquiète pas. C’est juste que si tu veux on peut changer et t’installer dans un endroit où pour l’été tu serais mieux, c’est tout.
    E. – On peut tout bouger, tout remuer ; mais… non, pas la chambre. Il ne faut rien toucher à notre chambre. C’est le seul endroit où je veux que rien ne bouge. Elle doit rester comme elle est, comme j’ai attendu avec elle.
    L. – Tu dis encore notre chambre ?
    E. – Oui, je le dis encore. Parce qu’après tant d’années… Tu vois, c’est comme ça, toujours notre chambre, au-delà de notre envie que ce le soit ou non. J’y ai passé tellement de temps.
    L. – Le chambre ; elle aussi je l’ai gardée avec moi pendant tout ce temps… Impossible de m’en défaire. J’ai dormi entre ses murs toutes les nuits que j’ai passées loin d’ici, dans les chambres d’hôtels, dans les baraquements. Et même dans les appartements des femmes, dans les bars où je m’écroulais quand j’avais trop bu. Je n’ai jamais pu m’arracher complètement au sommeil que je trouvais ici.”

“Un roman, c’est une vision du monde. Et si aucun roman ne change le monde, il en est tout de même une façon de le ressentir, d’y faire présence, d’en capter et d’en traduire la réalité autour de nous.”

Je parle ici du sublime, de cette idée qu’écrire c’est « tenter de répondre à cette question de savoir qui nous sommes tous ensemble et chacun pour lui-même, chacun dans cet ensemble, et comment cet ensemble regarde chacun.” (Laurent Mauvignier)

Pour être plus concrète (comme je le suis toujours dans les ateliers lorsqu’il s’agit de faciliter le passage vers l’écriture), il s’agira de chercher, pas à pas, les histoires d’hommes et de femmes dont chacun est porteur en leur donnant la chance de se déployer à travers les formes explorées pour Mauvignier. Pas à pas, proposition après proposition, texte après texte, chercher la lumière vive qui vient avec les mots lorsqu’ils ouvrent auteurs et lecteurs à la singularité de l’expérience humaine dans le grand bruit du monde.

Alors oui, venez écrire avec l’œuvre de Mauvignier si vous désirez couper dans le temps du réel un autre temps — celui qui fait naître, dans l’écriture, des images et des êtres qui disent — à hauteur d’homme — notre présence au monde.

Mauvignier

Écrire en dialogue avec l’œuvre romanesque de Mauvignier

Longtemps que j’avais projet de le mettre au travail, Mauvignier, dans mes ateliers. Quel meilleur moment que le creux de l’hiver pour suivre les sillons qu’il y a tracés dans la terre de l’écriture ?

(Mauvignier ne sera pas là “en chair et en os” n’est-ce pas, mais ses livres oui ; et avec eux son œuvre)

« Les livres qui font naître la complexité du monde, son épaisseur, à partir de la singularité des êtres, des expériences humaines, peuvent nous donner à penser la violence, les attentats, la solitude, mais aussi la solidarité, le partage, le besoin de vivre. Et nous montrer comment chaque vie est irréductible, irremplaçable. Voilà ce qu’un roman peut dire, ce à quoi il faut toujours ramener les choses et à partir de quoi on les interroge  : la vie. »
Laurent Mauvignier

Vous

Que vous ayez lu Mauvignier ou pas, cet atelier vous accueille si vous aimez écrire et désirez bénéficier d’un cadre favorable et vivifiant. Il vous invite à :

  • explorer les différentes formes narratives qui font l’œuvre romanesque de Mauvignier ;
  • avancer vers ce qui pourrait devenir vos territoires d’écriture en bénéficiant d’un accompagnement professionnel et de l’écoute de lecteurs avertis.

L’atelier

« Soucieux de rigueur formelle, Mauvignier saisit à hauteur d’homme les drames individuels, mais aussi collectifs ou historiques. À cet égard, Mauvignier est bien un écrivain de la voix, mais ces voix sont celles de situations psychiques éminemment partageables. » Dominique Viard

L’atelier propose de s’inspirer de la richesse et de la diversité des formes narratives déclinées par Mauvignier pour dire le monde et les liens entre les hommes – en chercher tant la complexité que l’éminemment singulier.

Récits monologués ou dialogués ; voix intérieures, voix polyphoniques ; orchestration de différentes situations narratives ; art du romanesque… avec Mauvignier nous nous ferons observateurs attentifs du monde et des hommes en suivant les sillons qu’il a creusés.

« Le roman nous sert à sortir de nos propres frontières, de nos propres clichés. C’est un outil que chacun peut se donner pour essayer de regarder ses propres émotions, de regarder ce qui nous anime. Dans la vie on apprend la dissimulation, le mensonge, la censure. On en arrive à ne plus regarder nos propres émotions que par le prisme d’images. Kafka dit que dans la littérature il s’agirait de trouver une parole vraie d’homme à homme. » Laurent Mauvignier

Objectifs

  • Explorer plusieurs formes narratives et comparer leurs effets
  • Se familiariser avec le travail d’incarnation du personnage en multipliant les situations narratives
  • Chercher un ressort dramaturgique à ses textes

Mauvignier

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