Avec Annie Dillard

« Qui m’apprendra à écrire ? désirait savoir un lecteur ? »

    « La page, la page, cette blancheur éternelle, la blancheur de l’éternité que tu couvres lentement, affirmant le griffonnage du temps comme un droit, et ton audace comme une nécessité ; la page, que tu couvres opiniâtrement, que tu détruis, mais en affirmant ta liberté et ton pouvoir d’agir, comprenant que tu détruis tout ce que tu touches, mais le touchant néanmoins, parce que agir vaut mieux qu’être là dans l’opacité pure et simple ; la page dans la pureté de ses possibilités ; la page de ta mort, à laquelle tu opposes toutes les excellences défectueuses que peut réunir ta force vitale : cette page t’apprendra à écrire. »

De En vivant, en écrivant, d’Annie Dilllard, je transcrirais volontiers d’autres passages tant l’ouvrage m’est une compagnie précieuse.

    « Si tu étais un guerrier zoulou frappant ton bouclier avec ta lance pendant quelques heures en compagnie de cent autres guerriers zoulous, alors tu serais peut-être à même de te préparer à écrire. Si tu étais une vierge aztèque sachant des mois à l’avance qu’un certain matin les prêtres allaient te précipiter dans un volcan brûlant, et si tu passais tous ces mois en purifications rituelles et à boire des liquides douteux, tu serais peut-être, le moment venu, prête à écrire. Mais comment, si tu n’es ni un guerrier zoulou ni une vierge aztèque, comment te préparer, toute seule, à entrer dans un état extraordinaire par une matinée ordinaire ?
    Comment lancer la toupie ? Où trouver un bord – un bord dangereux ? Où le chemin de ce bord et la force de le gravir ? »

D’autres parlent du livre sur la toile : ici un passage que j’avais projet de vous transmettre, sur ce que nous cherchons dans la lecture, de L’ivre de lecture.

Et ici, une lettre de la Magdelaine, d’un amoureux de la littérature et de la psychanalyse, ami cher à ce titre, disparu depuis peu : Ronald Klapka.

Parce qu'une femme

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