Un jour, ils sont là. Un jour, sans aucun souci de l’heure.
Ils ? Les personnages.
Lorsque je fais écrire des Histoires de vies, Sylvie Germain occupe une place particulière. J’aime l’imagination étonnamment fertile de ses premiers romans. Une imagination peuplée de personnages dont la présence, traversant ses livres, irrigue mes propres rêveries de lectrice.
- « Tout lecteur qui remarque un personnage, trouvant en lui matière à émotions, à rêveries ou à réflexions, lui refait don d’un peu de vie, si infime soit ce peu. Les personnages n’habitent qu’en apparence dans les livres qui les ont délivrés de leurs limbes, ils n’aspirent qu’à s’en aller déambuler en tous sens. »
Une écriture hautement métaphorique, trouvant sa source dans la pensée rêvante chère à JB Pontalis qui, en 2004, publia Les personnages dans la collection L’un et l’autre de Gallimard.
- « Sans une parole le personnage revendique le droit de s’extraire de ces limbes où il a longtemps sommeillé, et d’enfin recevoir la possibilité d’agir. Sans une parole il nous dicte son vœu, lequel a force d’ordre tant il est impérieux : être écrit.
Il a l’autorité d’un songe. »
Dans Les personnages, Sylvie Germain témoigne de la patience qui habite l’écrivain. Patience et silence. Dans le silence le personnage appelle, il fait bruire le langage.
- « Voilà, le personnage s’est faufilé en nous, comme un ennemi dans une forteresse (…) et il nous met au défi de “prouver” son existence par la force du langage, de faire s’épouser le rêve et la réalité par la magie du verbe. »