« La vie n’est pas le moi ni même notre existence. Elle est « or » ou « source ».
Obstruée (la source), enterré (l’or), déterminant notre existence, fléchissant nos actes, armant nos intentions, irriguant nos pensées, sans que nous y ayons accès. Et pourtant c’est nous qui menons la danse. Cette vie est la nôtre, et dans la méconnaissance radicale de notre désir, il y a tant de souffrance. Et si peu de liberté. Il est donc urgent de l’entendre, cette vie secrète, de reconnaître sa ligne de chant dans le bruit ambiant, de dégager son rythme, sa puissance, sa tonalité, sa singularité, pour n’être plus – comme le dit souvent la langue française – soi-même « au secret », c’est-à-dire au cachot. »
Défense du secret
« Nous avons été des enfants érotiques et nous ne le savons plus.
Nous avons goûté le monde, nous avons touché et été touchés, nous avons écouté un bruit jusqu’à ce qu’il se confonde avec la nuit et nous enveloppe comme une voie lactée merveilleuse, nous avons bercé une feuille d’herbe, un caillou, un mot, des tas de choses impossibles à bercer, nous l’avons fait, nous avons traqué sous nos paupière à demi-closes un signe de vie à l’envers, nous avons construit des passages, des signes, des alphabets, nous avons essayé de comprendre, dos à l’énigme, et de nous raconter des histoires pour être moins effrayés. Et nous avons oublié cela. Cette énergie folle dépensée pour rien, pour quelques sensations fugitives et brûlantes restées sous la peau comme des augures non déchiffrées. »
Éloge du risque