Analyse de la pratique et écriture

Quatre mercredis sur l’année, écrire sa pratique pour en découvrir de nouvelles intelligibilités.

Ouvrir un groupe d’analyse de la pratique à des métiers différents : tel était l’enjeu de ce cycle. Les métiers en présence avaient en commun l’accompagnement des personnes — que ce soit pour proposer l’écriture (une animatrice d’ateliers d’écriture), pour accompagner à la réflexion de l’avenir professionnel (une consultante en bilan de compétences), ou pour restaurer l’estime de soi par un travail énergétique (une coiffeuse énergéticienne). L’autre, la relation avec l’autre, les attentes qu’on a, ce qu’on mise dans l’accompagnement, les convictions, les limites qu’on donne à l’autre et à soi-même… ont été au cœur de notre travail.

Dans ce cycle, l’analyse de la pratique s’appuie sur l’écriture et la lecture plurielle des textes écrits. Le groupe se penche, tour à tour, sur les premières saisies d’une réalité qui a posé problème à chaque participant. Ces lectures introduisent une distance entre l’auteur et l’objet de son récit, ouvrant les chemins de l’élaboration de la pensée de la pratique — la pensée clinique. Chaque récit est retravaillé entre les séances (enrichi et complexifié par les fruits du travail en groupe), et envoyé avant la séance suivante. Là, nous relisons les textes et tirons de nouveaux fils de lecture. Ensemble, nous élaborons des cliniques singulières en les pensant.

« Faire récit, faire route

Mon métier est d’accompagner l’autre dans l’élaboration d’un récit écrit ou oral, selon le cadre. Faire récit autour de ma pratique me permet de faire route moi aussi, de regarder le chemin que je parcours lorsque j’accompagne, avec une distance suffisante pour l’analyser, comme un tableau que l’on regarderait dans le détail. J’y trouve des points de réassurance quant au fonctionnement de ma pratique, je déterre les cailloux sur lesquels je bute régulièrement, m’oblige à les regarder, les analyser.

Je me sers de l’expérience des autres, dans des milieux professionnels différents, pour avancer sur les questions que posent tout accompagnement, tout travail avec l’humain. Cette année, focus autour de la question du cadre, de la limite que je me donne et que j’offre.

L’accompagnement est un métier solitaire, le regard de l’autre sur ma pratique fait circuler une nouvelle énergie qui me dynamise et me pose dans ma posture professionnelle.

L’analyse des pratiques m’aide à repérer ce que je veux faire dans le cadre de mon animation : accueillir la profondeur, pas juste faire écrire quelque chose qui tienne debout mais quelque chose qui contienne un peu de celui qui l’écrit. Claire Lecœur traduit « quand l’auteur mise quelque chose de ce qu’il cherche à comprendre », cela m’éclaire. »
Marion Rollin

« Un espace d’authenticité

L’atelier a répondu à deux besoins que j’éprouvais : analyser certains aspects de ma pratique et échanger avec d’autres personnes impliquées dans l’accompagnement. Dans le cadre installé par la formatrice, je me suis sentie en confiance et respectée dans mes apports. La bienveillance des participantes a également contribué à créer un espace d’authenticité.

Avec l’écriture, s’installe une dimension temporelle que j’ai appréciée. En évoquant une situation difficile du quotidien, m’est offerte l’opportunité de la regarder sous divers angles et d’en sonder la dimension émotionnelle, hors contexte. Le choix des mots pour dire demande du temps et du silence, un temps que l’expression verbale ne procure pas toujours. Cette écoute de soi me permet d’ordonner ma pensée. Voir le choix des mots et des expressions, les travailler pour qu’ils expriment au mieux le contexte et les émotions à travers une relecture a approfondi ma compréhension.

Le partage avec les autres participantes complète ce qui s’est joué dans cette situation par des points de vue différents. Le dernier temps d’écriture, après avoir enrichi la réflexion sur ce qui s’est joué dans cette scène, m’a amenée à décontextualiser la problématique identifiée. C’est le moment de formuler ce que j’ai compris de mon fonctionnement.

Le partage des situations des autres, leur manière d’appréhender la difficulté, enrichit également l’engrenage de ma réflexion, fait miroir et contribue à faire bouger mes représentations personnelles.

C’était un luxe pour moi de m’offrir un temps hors du temps pour me pencher sur ma manière de vivre des bribes inconfortables du quotidien professionnel. Mais ce luxe s’est révélé essentiel pour mettre en mots et dénouer le gris qui recouvrait ma vision de ma pratique d’accompagnement. »
Lise

« Mon essai à l’écriture

Suffisait-il de ne plus le remettre à plus tard ? Le titre du module proposé par Claire Lecœur m’a de toute évidence permis d’oser faire le premier pas vers mon désir d’écrire. « Analyser sa pratique professionnelle par l’écriture » ouvre sur bien des possibles jusqu’alors ignorés — défroisser mes neurones, les déplier sur le papier, a calmé mes gros maux. Prendre ma plume, c’était fouiller les mots restés suspendus sur le bout de ma langue par peur de prendre la parole.

Cette expérience me permet de mettre en œuvre un chantier resté inachevé dans mon imaginaire, et m’aide à le penser concrètement. Une meilleure estime de moi restaure doucement ce manque de confiance imprimé dans les cahiers d’école.

Je remercie sincèrement Claire. Sa présence – autant corporelle que psychique – témoigne du grand intérêt qu’elle porte à l’autre, aux autres… Claire « dame de cœur aux trèfles de feuilles où s’imprime la parole silencieuse », lui va bien. »
Pascale Gourgeau

carnet de Michel Leiris, Beaubourg Metz

carnet de Michel Leiris, Beaubourg Metz

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