Avec Danièle Sallenave

Je plonge, préparant l’atelier « Écrire le voyage », dans les livres.

Je feuillette avec bonheur les ouvrages classés voyage dans ma bibliothèque jusqu’à trouver la couverture bleue de la collection L’un et l’autre créée par JB Pontalis chez Gallimard : Le principe de ruine de Danièle Sallenave.

Danièle Sallenave raconte sa rencontre avec l’Inde. Je me souvenais avoir été touchée par la rigueur de son écriture et de sa recherche. Comment dire, « sans crainte d’outrepasser sa compréhension des choses », le plus étranger à soi qui puisse être ?
L’écriture accompagne le voyage.

    « Pli après pli, le monde se livre, feuilles d’arbres et cris d’enfants, pierre sombre des anciens temples, yeux noirs et robes claire du jeune prêtre. Pli par pli un peu plus tard, quand, somnolant vaguement après le repas, je plonge le visage dans les feuilles du cahier qui depuis le début du voyage ne m’a pas quittée, et où je retrouve dans l’odeur des pages salies, et celle des fleurs que j’y ai mises à sécher, la vision d’une couleur jaune carminée, mêlée au sourd bruit d’un gong, mêlée au clapotis que fait un buffle s’ébrouant dans une rizière, mêlée au cri des corneilles, mêlée au son douceâtre, mélancolique, répété, de l’harmonium qui guide le chant de deux musiciens, dans la cour d’un temple. »

Dans un premier temps l’écriture mate, à peine structurée, cherche à saisir le choc de la rencontre.

    « Impossible de mettre des verbes dans mes phrases : ce serait y introduire un principe d’activité en contradiction avec l’état de sidération où les choses vues me plongent. »

Puis, au moment de la rencontre avec Calcutta, le récit bascule. Alors s’élabore Le principe de ruine qui apporte à l’impensable rencontre le secours d’une construction de pensée. Alors se trouve la voix de celle qui cherche dans l’écriture la vérité de son voyage.

    « Il ne me reste qu’à creuser ce que je reçois, avec gratitude et profondeur, comme ma propre expérience et mon propre destin : le desserrement de mes propres certitudes, l’émergence des questions nouvelles que je peux à peine formuler, l’apparition fugitive et glissante de quelques autres manières d’être et de voir qui s’effacent aussitôt. Car je ne cherche pas l’immobilité, le face-à-face, la maîtrise : plutôt que ce monde me fasse de légers signes et que je sache les capter. »

Capter, pour l’écrire et le penser, les signes que nous envoie le monde est l’expérience que je propose dans l’atelier « Écrire le voyage ».


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