Dire le monde par les cartes

Aux Archives Nationales, on découvre en ce moment des cartes dessinées par des artistes, au Moyen Âge et pendant la Renaissance. Les regardant, je me suis dit que dessiner des cartes, c’est aussi écrire – écrire le temps.

Ici c’est Paris, dessiné par Germain Hoyau et gravé par Olivier Truschet, en 1553. À l’époque, Belleville s’écrit Bele vile – on voit quelques maisons sur la Butte, au milieu des champs. C’est bien avant que Jean-Charles Alphan ne vienne transformer la décharge à ciel ouvert du Mont chauve en un jardin dans la ville.

 

C’est l’époque où la justice royale exhibe les pendus aux gibets de la ville.
Sur la carte, j’en ai dénombré quatre : celui de la place Maubert (1 pendu), celui du marché aux pourceaux (1 pendu)… et le gibet collectif de Mon faucon (Montfaucon), érigé au sommet de la butte comme avertissement aux voyageurs arrivant par la porte nord-est de la ville (3 pendus représentés à ces « Fourches de la grande justice » autour desquelles les foules se rassemblaient pour assister au spectacle des pendaisons).

 

Ici, Nanteuil le Haudoin (Oise), dessiné en 1609 par Jehane Monnerye. La carte, peinte sur parchemin, est une « figure judiciaire » ; elle fait preuve des frontières entre les différents châteaux.

Et ici, c’est Strasbourg, dessiné en 1548 par Conrad Morant, dessinateur et graveur sur bois, qui représente la ville observée depuis la tour nord de la cathédrale Notre-Dame.

Paysages et décors de la vie quotidienne autrefois… Ces cartes donnent à voir des lieux observés, arpentés – une connaissance des paysages fondée sur l’expérience. Elles sont un bel écho au travail initié lors de l’atelier Lieux – visages du monde.

(Ici vous découvrirez de meilleures photos des cartes.)